Les bibliothèques doivent être des lieux d'accès, de découverte, de formation à l'informatique et au numérique.
Nous sommes des lieux neutres, de proximité, ouverts largement, accessibles gratuitement et nous avons tout notre rôle à jouer en la matière. Il faut que le public, et notamment dans les quartiers prioritaires, puisse continuer de voir en nos bibliothèques des lieux rassurants, des lieux d'accompagnements, des lieux ressources, des portes d'accès vers de nombreux apprentissages.
Et nous disposons pour cela d'équipements informatiques souvent très honorables par rapport à d'autres institutions.
Le public se dirige naturellement (parfois poussés par d'autres évidemment) vers nous et nous ne voulons pas le perdre.
Nous avons même diversifié nos missions ces 20 dernières années dans le but de rester au cœur de la vie des gens, leur mettre à disposition les outils culturels, les équipements nécessaires à la participation de la vie citoyenne.
Aussi, cette question de l'inclusion numérique doit nous préoccuper au plus haut point.
Mais en effet, il y a des points sur lesquels être vigilants (veuillez m'excuser car ces points ont déjà été abordés ici sur ce forum mais j'insiste en effet dessus pour montrer que cela concerne de nombreuses bibliothèques et que le règlement de ces questions est nécessaire pour avancer) :
L'information et la formation : aujourd'hui nos bibliothécaire ne sont pas suffisamment informés et formés pour gérer la diversité des demandes (emploi, CAF, train, banque, dossier de retraite, dossier de logement social, etc.). Nous manquons de légitimité vis-à-vis de la complexité de ces demandes et risquons de mal faire. Cela rejoint la question de la multiplication des services en ligne et donc de la limite : devons-nous savoir répondre à tout ou plutôt donner un premier niveau d'information puis renvoyer vers le service compétent en s'assurant qu'il donnera lui-même une réponse ?
La transmission et la conservation de données personnelles est une vraie difficulté : le public nous fait confiance, nous laisse ses codes, ses mots de passe sans difficulté, sans se rendre compte du problème. Cela met en porte-à-faux les agents. Quelle protection juridique de nos agents en cas de problème ? Ils ont besoin d'être rassurés.
Beaucoup de personnes arrivent en médiathèque, renvoyées par des institutions développant leurs propres services en ligne, mais sans aucun accompagnement humain : les personnes arrivent dans le plus grand dénuement, parfois sans savoir manier un ordinateur, voire la langue française, et en pensant qu’on va faire à leur place. Avec insistance du fait de l'urgence de certains situations. Et nous sommes amenés à faire du cas par cas entre celui qui insiste et celui qui n'ose pas demander et encore une fois se sentir en porte-à-faux vis à vis du traitement équitable de nos usagers.
Cela rejoint notre inquiétude quant aux services de droits communs que nous ne souhaitons pas remplacer (impôts, emploi, etc.). Il est important que les bibliothèques ne se substituent pas à ces services mais travaillent plutôt en synergie avec eux. Là cela relève de l'Etat et des collectivités pour que sur chaque territoire s'organise au mieux cette coopération.